vendredi 30 octobre 2009

La cascade de Kpimé

Le lendemain, départ pour les cascades de Kpimé. Chutes d’eau spectaculaires qui alimentent une centrale électrique. Lieu touristique par excellence. Beaucoup de gens y viennent pour pique-niquer et profiter de la vue. Certains plus téméraires s’aventurent au pied de la cascade pour se rafraichir. Puis nous repartons pour une heure de marche à travers la brousse puis la forêt afin de rejoindre une seconde cascade plus petite, en plein cœur de la végétation où nous avons pu nous baigner. Quel plaisir ! après le pique-nique au bord de l’eau, nous avons pris le chemin du retour pour Lomé.

Descente du Pic d’Agou

Le samedi 24 octobre, nous sommes allés au Pic d’Agou, point culminant du Togo à 986 mètres. Arrivés au pied du pic en taxi brousse, nous avons pris des zemidjan afin de rejoindre le sommet du pic. Nous avons parcouru ainsi 12 ou 13 kms sur une route parsemée d’embuche : virage, trous, bosses, boues, feuilles… imaginez à trois sur une moto avec nos sacs à dos. Quelle rigolade ! Au sommet, une vue imprenable sur le plateau et la frontière ghanéenne. Après le repas, et une fois la pluie passée, nous avons pris les chemins de randonnée accompagnés par un guide expérimenté. En effet, le terrain est glissant. Le but du jeu : descendre le pic d’Agou sans tomber. Oui, on a réussi ! Descente magnifique au milieu d’une forêt tropicale très dense, où se mélangent des multitudes d’arbres : caféier, baobab, cacaotier, palmier, bananier, ananas, oranger, citronnier, hibiscus, bambous, cannes à sucre et plein d’autres… une splendeur incomparable. L’expédition aura duré trois heures et demi. Nous avons traversé plusieurs villages durant notre descente et rencontré des femmes descendant les marches avec de grosses bassines remplies d’eau sur la tête avec une telle agilité que nous avions l’air d’escargot à côté.

Visite guidée de Togoville

Le même jour, nous avons embarqué dans une pirogue pour traverser le lac Togo afin de rejoindre Togoville. Le Lac est d’une immensité démesurée. Nous mis une demi heure avant de s’échouer sur la plage de la ville sainte. En effet, depuis 1973, Togoville est considérée comme une ville sainte, suite à l’apparition de la Vierge Marie sur le Lac Togo, où le vaudou est omniprésent. Au sein de la ville, résident 4 prêtres et une prêtresse qui ont pour rôle de veiller à la prospérité et au bon déroulement des évènements chacun dans leur quartier. Il se peut que certaines personnes du pays viennent expressément demander l’aide de ces sages lorsqu’ils sont malades ou pour les conditions climatiques par exemple. Nous avons eu le privilège de rencontrer l’unique prêtresse de cette ville. Elle nous a accueilli chez elle et nous avons pu échanger avec elle sur son rôle… pour cela nous avons du nous prêter à une cérémonie d’accueil en habits traditionnels, le pagne. Nous devions nous agenouiller et frapper dans nos mains à l’arrivée et à la sortie de la prêtresse. Ensuite, nous avons été voir les arbres qui protègent les jumeaux. Ils sont tous deux très grands et entourés par un drap blanc à la base du tronc, leurs racines sont infiniment grandes. Nous avons pu voir également des fêtiches (stèles vaudou) dans la ville où la population se rend pour faire les sacrifices et les incantations vaudou (image très spectaculaire parfois).

Visite de la maison des esclaves à Agbodrafo

Le dimanche 18 octobre, nous avons eu le privilège de nous rendre à Agbodrafo pour y visiter la maison des esclaves. Nous avons eu droit à une visite guidée de celle-ci, nous racontant toute l’histoire de cette maison et du peuple togolais. Durant la visite, nous avons eu la possibilité de nous mettre quelques minutes dans la peau des esclaves noirs de l’époque en entrant dans les soubassements de la maison où ils étaient retenus en 1800. Nous sommes donc passés par une trappe à l’intérieur de la maison servant d’ouverture aux maîtres pour donner à manger aux esclaves. Une fois descendus, nous nous sommes retrouvés sous la maison, accroupis, le dos vouté, sur de la terre battue, dans le noir éclairé par une lampe à pétrole. L’air y était très saturé presque irrespirable de par l’humidité, la terre, la poussière… Afin de ressortir des soubassements, nous avons emprunté le chemin des esclaves, en passant par d’étroites ouvertures dans les murs de briques, nous obligeant à ramper à terre. Cette maison porte encore aujourd’hui une charge émotionnelle très forte, cette expérience nous aura montré à quel point l’homme fut cruel en retenant les esclaves dans de telles conditions.

On avance, on avance, on avance…

Cela fait quelques semaines, il est vrai que nous n’avions pas posté de messages sur le blog. Afin de rompre le silence et de rassurer les plus anxieux, nous revoilà. Durant ces dernières semaines, les actions que nous menions sur le terrain depuis le début de notre stage, se poursuivent. Concernant, l’alphabétisation, les progrès se font sentir, nous commençons la lecture de petites phrases, de petits textes. Quant à la sensibilisation VIH SIDA, nous continuons à parcourir le quartier en allant à la rencontre de la population, les gens sont toujours aussi réceptifs qu’à notre arrivée. Enfin, lors de la sensibilisation sur les droits et devoirs des enfants, nous avons travaillé à partir de petits jeux de scène, mis en acte par les enfants pour entamer la discussion sur différentes thématiques. Par la suite, les enfants ont choisi de rédiger une chanson sur leurs droits et devoirs. Cette dernière n’est pas encore finalisée.

jeudi 8 octobre 2009

Un week end à Yometchin

Dimanche 4 octobre, nous avons été accueillis par le chef du village de Yometchin afin d’effectuer une sensibilisation sur les droits de la femme auprès des villageoises le lundi matin à 7h. Nous avons ainsi pu découvrir la vie au village le temps d’une soirée et d’une nuit. La nuit tombe à 18h, puis nous allons manger à la lumière d’une lampe à pétrole à la table du chef du village, accompagné d’un petit verre de togodine (boisson locale alcoolisée) en apéritif pour nous souhaiter bonne arrivée. Puis les villageois vont se coucher très tôt, pour se lever vers 4h du matin au levé du soleil. Le lendemain matin, nous sommes intervenues auprès des femmes du village. L’intervention aura duré 2h. Elles nous ont expliqué les difficultés qu’elles pouvaient rencontrer dans leur vie au village, dans leur foyer, du manque de considération de la part des hommes, de leurs soucis financiers et de ce fait de leur difficulté à scolariser leurs enfants. Elles ont également expliqué que pour la majorité le fait de ne pas être allées à l’école était un véritable handicap. Cependant, peu d’entre elles envisagent de mettre leurs filles au collègue. En effet, les familles préfèrent envoyer les jeunes garçons plutôt que les filles car elles ont besoin d’elles pour travailler à la maison et que bien souvent les jeunes filles tombent enceintes lorsqu’elles vont au collège. Nous avons pu ressentir que les femmes ont mis l’accent sur leurs problèmes financiers pensant que nous pourrions leur apporter un soutien à ce niveau. Nous avons dû recadrer l’intervention et leur signifier que le respect de leur droit ne devait dépendre de leur niveau de vie. Nous leur avons donné différents conseils comme celui de se réunir en groupement de femmes afin de surmonter leurs difficultés ensemble et non de façon isolée. Lorsqu’elles seront bien organisées, elles pourront alors prétendre participer aux réunions de prise de décision du village avec les hommes. Nous y retournerons dans quelques semaines pour voir l’évolution de la situation et la motivation des femmes à se mobiliser.

Rencontre avec la population locale

Nous continuons nos interventions à raison de deux demi-journées par semaine au sein du quartier de Gbossimé. Pour cela nous nous promenons dans le marché et allons à la rencontre des commerçants, des coiffeuses et leurs apprenties et de groupements de jeunes dans la rue. L’approche reste facile, ces personnes acceptent volontiers d’échanger avec nous sur ce sujet et d’écouter les réponses que nous pouvons apporter à leurs questions. Le contexte de nos interventions (sur le marché, pendant les activités commerçantes) ne permet pas toujours une interaction satisfaisante. D’une part, certaines personnes nous écoutent par politesse mais ne semblent pas réellement intéressées. D’autre part, le commerce oblige parfois certaines personnes à interrompre la discussion pour aller servir leurs clients. Cependant, nous avons également eu des échanges très riches. Certaines personnes se posant beaucoup de questions auxquelles nous tentons de répondre. Nous avons dernièrement abordé des sujets très ambigus comme l’infidélité dans les couples mariés et l’impossibilité pour la femme de demander à son mari de mettre un préservatif par exemple, alors qu’elle sait pertinemment que son mari la trompe ou encore choisir de partager la vie d’un sidéen au quotidien et dans l’intimité. Nous devons alors adapter nos réponses et nos conseils à la culture togolaise mais aussi aux religions pratiquées, ce qui n’est pas toujours facile. Grâce à la présence de Manassé un volontaire de l’association JMV, nous arrivons à dépasser la barrière de la langue et à mettre du sens derrière certaines expressions utilisées par la population locale.